mercredi 10 août 2011

TAVI, LE MOZART DE LA MODE

lu sur le site du journal Le Monde le 10 août 2011
Tavi, le Mozart de la mode


Cheveux gris, noeud géant sur la tête, et robe vintage un tantinet informe : quand Tavi Gevinson, blondinette de 13 ans, a débarqué dans les coulisses de Christian Dior, il y a un an et demi à Paris, elle était déjà célèbre. Un petit Mozart à la pointe de la mode propulsé grâce à son blog, " Style Rookie " ( " Débutante de la mode " en anglais ), au premier rang des défilés de la haute couture parisienne. Comble du succès : Karl Lagerfeld, directeur artistique de Chanel, a posé à ses côtés, adoubant l'adolescente parmi les " trendsetteuses " qui comptent.

La prépubère du Midwest sort de l'anonymat

Depuis, le petit prodige, originaire de Chicago a fait encore du chemin. Tavi irritait les journalistes de mode qui devaient lui céder la place - en même temps qu'à ses consoeurs ou confrères blogueurs - au premier rang des défilés new-yorkais ou parisiens ? Qu'à cela ne tienne. Désormais, l'adolescente fait partie de leur confrérie, si ce n'est de la planète supérieure.

Après avoir fait la couverture de Love, s'être vue confier une série mode pour le magazine Black Book, la voilà associée à l'éditorialiste Jane Pratt pour le lancement d'un site Web-magazine féminin. Deux ouvrages sont sur le point de sortir sur Tavi. Le premier sera écrit de sa main, avec l'aide de Marisa Meltzer, auteure de Girl Power, et devrait mélanger des conseils mode, beauté et cuisine... pimentés de quelques remarques féministes sur la condition difficile des ados. Le second, édité par le célèbre new-yorkais Rizzoli, sera consacré à sa (courte) vie de blogueuse de mode.

Créé en 2008, le blog de Tavi - mélange de journal intime, d'album photo de ses extravagances vestimentaires et de notes bien senties sur les stylistes et les défilés de mode - n'a pas seulement sorti de l'anonymat une petite fille du Midwest américain, faisant rêver nombre d'ados en mal de célébrité éclair. Sortant du lot par sa maturité et son franc-parler, la gamine s'est imposée et s'est fait respecter par les maisons de luxe.

Ses avis et sa popularité sur la Toile sont même devenus indispensables pour vendre des journaux ou des vêtements aux adolescents de la planète. Aujourd'hui habillée par les griffes américaines Proenza Shouler ou Rodarte, Tavi est en bonne voie pour succéder un jour à Anna Wintour, la redoutée et influente rédactrice en chef du Vogue Amérique, " croquée " dans Le Diable s'habille en Prada.

Mais craquante, elle reste. Récemment - parce qu'elle sort de l'adolescence, Tavi a découvert une chose inouïe. En plus d'être talentueuse et précoce, elle est... jolie. Et voilà la bougresse qui publie sur son blog le cliché qui le prouve et elle raconte comment elle s'est abstenue, pendant des semaines, de le montrer sur la Toile, suite à une crise existentielle.

Car comment, après avoir vanté l'anticonformisme - au point de se déguiser en grand-mère ayant avalé de l'ecstasy pour assister en bonne place aux défilés de mode les plus courus -, vivre avec un physique si conventionnel ? Finalement, conclut Tavi, désarmante de sincérité, ce don de la nature peut lui ouvrir encore des portes.

Véronique Lorelle

http://www.thestylerookie.com/

" Style Rookie "

© Le Monde

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