mercredi 28 octobre 2009

On ne peut pas se contenter d'acheter des emplacements. Il est aussi question d'hommes et de femmes

Lu dans le journal Les Echos le 28 octobre 2009
WOLFGANG KIRSCH PRESIDENT DU COMITE DE GERANCE DE MEDIA SATURN FRANCE
« Quand nous arrivons, les prix baissent dans la zone »

[ 28/10/09 ]

A l'occasion de l'ouverture du 32 e magasin à l'enseigne Saturn en France, le plus grand dans le secteur de l'électrodomestique dans l'Hexagone, le patron de la filiale française de l'allemand Media Saturn , nommé en juin 2009 après deux ans comme directeur général, explique aux « Echos » l'importance de cet investissement pour son actionnaire majoritaire, le groupe Metro.
Vous ouvrez demain près de Paris le deuxième plus grand magasin d'électrodomestique en Europe. Dans un marché en baisse et à l'heure d'Internet, ne s'agit-il pas d'un investissement à contretemps ?

Certainement pas. Il s'agit d'un investissement à long terme. Nous n'attendons certes pas un retour dans les douze ou vingt-quatre prochains mois, d'autant que le marché français va rester difficile en 2010. Mais nous sommes convaincus qu'il reprendra sa croissance en 2011. Et si la plupart des consommateurs vont sur Internet aujourd'hui, ils restent très nombreux à vouloir voir et toucher les produits. En France, Saturn a connu un développement bizarre avec des périodes où nos magasins progressent plus vite que le marché et d'autres où ils sont plutôt en dessous. Ce n'est pas satisfaisant et, même si le réseau a été beaucoup amélioré, tout comme la disponibilité des produits, notre enseigne reste beaucoup trop faible, avec une part de marché moyenne d'environ 2,5 %, au regard de la position du groupe en Europe. Avec Saturn Domus, à Rosny-sous-Bois, nous allons vraiment faire la différence.
Comment ?

D'abord par notre offre, qui présente la quasi-totalité des produits disponibles en France en électronique grand public, en informatique, en photo et en électroménager. Jusqu'au plus grand téléviseur LCD du monde, vendu près de 160.000 euros ! Ensuite, par l'accessibilité de ces produits que les visiteurs peuvent tous prendre en main. Mais surtout par nos prix. Quand Saturn arrive, les prix baissent dans la zone. C'est l'effet Robin des bois ! Notre positionnement est clair : l'enseigne n'est jamais plus chère que la concurrence, y compris dans les services. Et, grâce à un système de relevés de prix automatisé sur Internet, nos promotions sont au même prix que sur les sites marchands. C'est une exigence de tous les jours.

Quels sont vos objectifs en France ?

Cette année, notre chiffre d'affaires sera en ligne avec l'évolution du marché, en baisse de 5 % à 10 % selon les familles de produits. Notre stratégie consiste à prendre des parts de marché et le groupe assume d'avoir des pertes en France. Il s'agit de conquérir le troisième marché européen. Cependant, nous visons la rentabilité de notre activité d'ici à fin 2013, avec une cinquantaine de magasins et une part de marché moyenne de l'ordre de 6 %. La crise devrait nous y aider, car les habitudes sont en train de changer. Les hypermarchés, très agressifs, livrent sans doute leur dernière bataille sur des rayons où ils ne gagnent pas d'argent. Je me demande combien de temps leurs dirigeants et les actionnaires vont accepter cela. Comme ailleurs en Europe, le marché devrait basculer vers les magasins spécialisés, et particulièrement les plus grands d'entre eux.
Pourquoi n'avoir pas repris Surcouf pour accélérer votre développement ? Par ailleurs seriez-vous intéressé par la FNAC ?

Si nous avons été approchés, en effet, pour la reprise de Surcouf, nous ne sommes pas en contact avec la FNAC et nous ne sommes pas intéressés. Le groupe ne manque pourtant pas de liquidités pour réaliser des opérations de croissance externe. Mais il n'est pas très doué dans l'intégration d'autres enseignes ! Nous avons une culture forte, très décentralisée, à l'opposé de celles dont on parle. Or, on ne peut pas se contenter d'acheter des emplacements. Il est aussi question d'hommes et de femmes. Il ne faut jamais dire jamais, mais nous avons déjà beaucoup de travail pour mettre en place le concept Saturn en France.
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE BOUDET, Les Echos

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