mercredi 17 février 2010

OUVERTURES MULTI FORMATS POUR AUCHAN

Lu sur le site du journal Les Echos le 17 février 2010
PHILIPPE BAROUKH DIRECTEUR GÉNÉRAL D'AUCHAN HYPERMARCHES FRANCE
« Auchan va réaliser une dizaine d'ouvertures d'ici à cinq ans sur différents formats en France »

[ 17/02/10 ]
Philippe Baroukh le patron des 123 hypermarchés français du distributeur contrôlé par la famille Mulliez, révèle aux « Echos » une baisse de 1,3 % du chiffre d'affaires en 2009 (en 2008, il s'établissait à 15,3 milliards d'euros en 2008, soit 38,7 % des ventes totales du groupe Auchan), mais une hausse du taux de participation au profit des salariés. Plus que jamais convaincu par le modèle de l'hyper, il annonce aussi que « la machine est relancée » pour l'expansion de la chaîne dans l'Hexagone.
Carrefour et Casino ont publié des chiffres en baisse sensible pour leurs hypermarchés français en 2009. Comment s'est comportée l'enseigne Auchan ?

En 2009, les ventes des hypermarchés Auchan en France ont baissé de 1,3 %, hors essence et en comparable, par rapport à celles de 2008. Quand je me regarde, je me désole, car nous n'avons pas atteint nos objectifs de chiffre d'affaires. Mais, quand je me compare, je me console ! Nous avons en effet mieux résisté que nos concurrents intégrés. En outre, je suis plutôt satisfait de la façon dont l'entreprise a réagi dans un contexte déflationniste succédant à une période de forte inflation. Notre prix de vente moyen a ainsi reculé de 1,9 %, du fait des produits techniques et d'habillement et d'un report des achats dans l'alimentation vers les produits les moins chers.
Qu'est-ce qui explique cette relative bonne performance ?

Nous travaillons à « réenchanter » l'hypermarché depuis déjà 2007, et nos choix commerciaux commencent à payer. Les partis pris d'enseigne, d'abord, s'avèrent payants dans des rayons comme le bio, la poissonnerie, la cave, les fruits et légumes, la librairie, etc. Ensuite, le « self discount » dans nos magasins, décrié par certains au début, constitue une vraie réponse au maxidiscompte, dont on voit d'ailleurs qu'il a reculé en 2009. Or, dans le même temps, nos espaces ont progressé de 3 % en valeur et de 6 % en volume. Troisième point, la puissance promotionnelle de l'enseigne confirme son efficacité. La part du chiffre d'affaires réalisée en promotion a progressé de 2 points, pour représenter un quart du total des ventes l'an dernier. Tous ces éléments sont le résultat de politiques structurelles menées sur le long terme. Enfin, peut-être faut-il y voir le résultat du fait que nous croyons davantage à l'hypermarché que d'autres.
Pour la première fois depuis dix ans, Auchan va d'ailleurs ouvrir un hypermarché cette année.

Oui, la machine est relancée avec l'ouverture d'un magasin au Kremlin-Bicêtre, près de Paris, la première création ex nihilo depuis 2000. Et nous allons réaliser une dizaine d'ouvertures d'ici à cinq ans, au moins, sur différents formats, comme le prochain Auchan City qui ouvrira à l'automne à Tourcoing ou le Auchan Gourmand, exclusivement alimentaire, prévu à Marseille. Nous travaillons aussi sur des projets signés à Sarcelles, Meaux, Epinay-sur-Seine, Roissy-en-France, entre autres. Et des élus ou des promoteurs nous sollicitent afin de nous substituer à des enseignes défaillantes.
Où en est le positionnement prix de l'enseigne ?

Nous avons investi près de 300 millions d'euros dans les prix en 2009, auxquels il faut ajouter les 290 millions reversés à nos clients porteurs de carte en cagnotte. Sur le panel dit « exhaustif » des produits de grande consommation ayant un code-barres, nous arrivons deuxième derrière Leclerc, tout en observant le retour dans la course de Système U. Et, sur notre propre liste de courses de 1.500 produits, qui intègre aussi des produits non alimentaires et des métiers de bouche (boulangerie, boucherie, charcuterie-traîteur, poissonnerie, NDLR), nous avons été premiers toute l'année. Par ailleurs, nous avons décidé en 2010 de nous focaliser sur le non-alimentaire, avec de fortes baisses de prix en perspective.
Comment progressent les négociations avec les fournisseurs ?

Le scénario est à peu de choses près identique. L'an dernier, les tarifs proposés par les fournisseurs présentaient une hausse moyenne de 3,5 %. Grâce à la loi LME, à la capacité qu'elle donne de négocier les tarifs des industriels et à l'évolution de notre mix de ventes, nous sommes parvenus finalement à une baisse moyenne de 0,7 % des prix en magasin. Cette année, les fournisseurs nous présentent un peu moins de hausses dans les produits de grande consommation et un peu plus en frais libre-service, pour, au total, arriver à une hausse moyenne de 3,8 %. Nous allons à nouveau nous battre pour endiguer ce mouvement, afin de parvenir à une stabilité des prix. Tout cela sous le contrôle des pouvoirs publics, comme en témoignent les assignations récentes. Je reste très serein. Nos contrats sont parfaitement légaux.
Vous avez investi 90 millions d'euros sur trois ans dans votre magasin de Vélizy, le premier hypermarché français par le chiffre d'affaires. Quel bilan en tirez-vous ?

Depuis septembre, la fréquentation s'est accrue de façon importante et les comportements des clients nous ont confortés dans nos convictions. Même s'il y a encore quelques réglages à faire, nous sommes impressionnés par la réactivité des consommateurs face à l'évolution de notre offre. Plus on l'analyse et plus on a du mal à comprendre que certains se posent la question de la taille des hypermarchés ! Par exemple, pour le magasin de Mantes-la-Jolie, qui fait déjà 12.000 m 2 de vente, nous allons prochainement mettre en oeuvre un agrandissement de 3.000 m 2 supplémentaires.
Vous multipliez les tests : une nouvelle enseigne de grande surface « hard discount » Priba par Auchan, en mars, à Mulhouse ; un petit Auchan alimentaire et plutôt haut de gamme, bientôt, à Marseille ; sans compter un projet d'hypermarché non alimentaire à Rennes. C'est un peu le grand écart !

Le grand écart, nous le faisons depuis très longtemps, avec pour axe stratégique d'être très fort à la fois sur les prix et sur le choix, comme en témoignent encore les 450 nouveaux fournisseurs PME référencés en 2009. Il y a une vraie cohérence dans l'ensemble. Quant à Priba par Auchan, l'avenir nous dira ce que deviendra ce test. Pour Auchan Gourmand, il s'agit aussi d'une réponse à la demande des édiles. Ce pourrait être demain une alternative à Monoprix en centre-ville. Il est, en revanche, trop tôt pour parler du projet de Rennes, d'autant qu'il subit un certain nombre de recours. Et il y a aussi les Drive. Avec une dizaine d'ouvertures en 2009, le développement va adopter son allure de croisière.
Vous vous étiez engagé, il y a deux ans, à ce que fin 2009, au plus tard, chacun des employés à temps partiel puisse bénéficier d'un contrat à temps plein s'il le souhaite. Où en êtes-vous ?

Tous ont reçu cette proposition, 3.500 salariés l'ont choisie et 70 % d'entre eux en ont déjà bénéficié. Résultat, 2.482 employés précisément sont passés de 28 à 35 heures et ont vu leur salaire annuel progresser en moyenne de 5.000 euros depuis 2007. Chez Auchan, le travaillez plus pour gagner plus, ça marche !
Ikea France vit ces jours-ci un conflit social dans le cadre des négociations salariales. Comment ça se passe chez Auchan ?

Tout le monde sent une tension plus importante que les années précédentes, liée à la crise économique et financière, aux risques sur l'emploi, à un manque de visibilité. Les négociations annuelles obligatoires (NAO) ont commencé dans l'entreprise et je reste confiant. Nous avons ainsi annoncé hier à nos partenaires sociaux le taux de participation au titre de l'année 2009. C'est une bonne nouvelle par rapport à 2008, puisqu'il s'établit en hausse, à 9,92 %, contre 8,5 %, soit un mois et demi de salaire net et 72 % de plus que la formule légale. Vous parlez donc à un directeur général optimiste !
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE BOUDET, Les Echos

Philippe Baroukh
Né le 16 août 1957 à Tunis (Tunisie).
· Licence d'histoire Paris-Sorbonne
· Sciences politiques Aix-en-Provence
Chez Auchan depuis le 16 juin 1986, où il occupe successivement les fonctions de :
· chef de rayon au magasin d'Annecy
· chef de produit à la Centrale Produits Frais
· chef de secteur, puis directeur adjoint à Aubagne
· directeur du magasins de Saint-Etienne pendant deux ans
· directeur à Aubagne pour une durée de quatre ans
·directeur régional à Strasbourg de la région Est , de 1997 à 1999
· directeur des ventes de 2000 à fin 2001.
·il est directeur général d'Auchan France depuis janvier 2002.

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