mardi 4 janvier 2011

MEME PESSIMISTES, LES FRANCAIS CONTINUENT DE CONSOMMER

lu sur le site du journal Les Echos le 4 janvier 2011
Même pessimistes, les Français continuent de consommer
L'indicateur mesurant le moral des ménages a chuté de 3 points en décembre, selon l'Insee. Pour autant, les Français ont continué de consommer au quatrième trimestre. Les premiers mois de l'année risquent d'être plus durs.
Ecrit par
Frederic SCHAEFFER

C'est un paradoxe bien français. Nous comptons parmi les Européens les plus pessimistes mais également parmi ceux dont le niveau de consommation se tient le mieux. Cela était déjà visible pendant la crise, cela se constate également en phase de redémarrage. Coup sur coup, les Français viennent d'envoyer deux signaux confirmant ce paradoxe : lundi 4 janvier, les constructeurs automobiles se félicitaient de leurs chiffres de ventes de décembre, les clients s'étant rués chez les concessionnaires pour profiter de la fin de la prime à la casse. Et pourtant, l'Insee a annoncé, mardi 5 janvier, une rechute du moral des ménages sur le même mois.

L'indicateur résumé de leur opinion sur la situation économique a chuté de 3 points par rapport à novembre, mettant fin à quatre mois de progression. A - 36 points, il reste très inférieur à sa moyenne de longue période (- 19 points) et se démarque de celui des chefs d'entreprise qui, lui, est revenu au-dessus de son niveau moyen à mesure de la reprise économique.
Près de trois ans à des niveaux très bas

Au cours de 2010, le moral des ménages aura fait du Yoyo : « Il a connu un bon début d'année, les premiers signes de reprise de l'activité et de l'emploi permettant de retrouver un peu d'espoir collectif au sortir de la plus grande crise de l'après-guère, rappelle Exane-BNP Paribas. Puis l'été a été dur, avec beaucoup de flou sur la réforme des retraites et un certain creux conjoncturel. Jusqu'à décembre, les choses allaient mieux : le chômage s'est stabilisé, l'inflation reste sous contrôle et les mesures d'austérité épargne pour le moment la classe moyenne. » Le mois dernier, les ménages ont été un peu plus pessimiste sur leur situation personnelle future et sur l'évolution à venir du niveau de vie général. Au final, le moral termine l'année à un niveau nettement inférieur à celui de janvier. Et même s'il est assez volatil, « cela fait désormais près de trois ans qu'il évolue à des niveaux très bas », constate Xerfi.

Malgré cela, la consommation a jusqu'à présent fait preuve de résistance. Elle a globalement tenu le choc de la crise (+0,6 % en 2009) et devrait afficher une hausse moyenne de 1,7% en 2010, selon l'Insee. Une progression à mettre en parallèle avec les gains de pouvoir d'achat, dans un contexte d'endettement relativement faible des ménages.
Vers de « faibles gains de pouvoir d'achat »

Reste que « tant que la confiance ne sera pas revenue, on ne pourra pas espérer de franc redémarrage de la consommation, poursuit Xerfi. Or cette dernière représente 60% de notre économie. Il est donc illusoire d'escompter le retour à une croissance forte sans des dépenses de ménages dynamiques ». Pour 2011, les économistes anticipent en moyenne une hausse de 1,3% de la consommation, loin du rythme d'avant crise (de l'ordre de 2% à 2,5% par an).

« La consommation est vraisemblablement restée solide au quatrième trimestre mais devrait subir début 2011 les effet de l'extinction de la prime à la casse , estime BNP-Paribas. Plus généralement, les faibles perspectives de créations d'emplois, le maintien de l'inflation à un niveau relativement élevé et le resserrement de la politique budgétaire n'autoriseront que de faibles gains de pouvoir d'achat. » En cela, l'enquête de l'Insee sur le moral des ménages reflète un certain réalisme des Français : 2011 devrait être une nouvelle année de convalescence pour l'économie.
FREDERIC SCHAEFFER

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