mercredi 25 mai 2011

DES MAGASINS POUR RETOURVER LE GOÛT DES FRUITS ET DES LEGUMES DE SAISON

lu sur le site du journal Le Monde le 25 mai 2011
Des magasins pour retrouver le goût des fruits et des légumes de saison

DES CAGETTES vides empilées, des fruits et légumes posés de-ci de-là, un tableau d'école où sont inscrits à la craie les produits du jour et leur provenance... La Maison POS (pour " produits objectivement savoureux "), ouverte comme un garage sans vitrine ni porte sur la rue de Charonne, détonne entre ses voisins, deux classiques bars parisiens.
A sa tête, Pierre Olivier Savreux, un ancien journaliste reconverti depuis décembre 2010 dans la distribution alimentaire. Mais pas n'importe laquelle. Dans ce quartier en voie de gentrification avancée, l'entrepreneur est un adepte du fameux " circuit court " pour s'approvisionner : il ne va ni à Rungis ni chez un grossiste, mais fait ses achats directement auprès de petits producteurs des environs. " A Paris, les bons produits se trouvent, très chers, dans des épiceries fines. D'où mon envie de proposer de la qualité à un prix juste ", explique-t-il. Pour maintenir des prix corrects, il ne vend que trois variétés de légumes et trois de fruits par jour. " Les étals qui proposent des produits en abondance jettent en moyenne 25 % de leur marchandise, une perte qui se retrouve dans les prix. Depuis mon ouverture, je ne jette quasiment rien ", explique-t-il. Il se paye même le luxe de proposer chaque jour une soupe à 1 euro, " alors que, dans les bars branchés des environs, c'est de quatre à cinq fois plus cher ". Cette soupe est devenue un incontournable de la maison. " Au coeur de l'hiver, j'en ai cuisiné jusqu'à 35 litres par jour pour des étudiants, des personnes âgées et certains clochards, explique-t-il. Cet été, je continue pour quelques irréductibles mamies. "
Une note sur l'étiquette
Cette initiative parisienne n'est pas une exception. Un peu partout en France fleurissent des projets pour plaire aux locavores. Comme Sous l'cerisier, boutique qui a ouvert le 20 avril dans le centre-ville de Villeurbanne (Rhône), au pied d'un immeuble de logements sociaux. Là aussi, une envie " de proposer des produits accessibles en direct d'une vingtaine de producteurs les plus proches possible ", explique Béatrice Beaufils, salariée du lieu, porté par une société coopérative d'intérêt collectif.
A quelques kilomètres de là, dans le 7e arrondissement de Lyon, existe depuis un an " Trois petits pois ", une épicerie dont chaque produit reçoit une note, apposée sur l'étiquette. " 20 " signifie que l'aliment a obtenu 5 sur 5 sur les quatre critères suivants : production locale, origine biologique, emballage économique et issu du commerce équitable.
Plus au sud, le petit village d'Aguin (900 habitants), dans l'Isère, accueille depuis novembre 2010 Papillon et Basilic, à l'initiative de Christelle Thivolle, ancienne cadre marketing dans une société agroalimentaire. " Consommer du bio qui vient de loin, ce n'est ni économique ni écologique ", explique-t-elle. Dans sa boutique, Christelle pousse le concept jusqu'à proposer des cosmétiques et des produits d'entretien provenant d'une ville voisine.
Toutes les régions s'y mettent. Et si vous ne trouvez pas de magasins proches, essayez donc... la gare SNCF. Une centaine en France ouvrent leurs quais aux petits producteurs pour vendre aux travailleurs rentrant le soir des victuailles fraîches et... locales.
L. Be.
© Le Monde

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