vendredi 4 février 2011

HABILLEMENT : VERS DES HAUSSES DE 10 à 20 %

lu sur le site du journal Les Echos le 4 février 2011

03/02/11 | 07:00 | Dominique Chapuis | 6commentaires
Habillement : vers des hausses de 10 % à 20 %
La hausse du coton, de la soie ou de la laine a frappé de plein fouet les fabricants de fils ou de tissus. Les consommateurs pourraient bien payer la note.



« Après avoir vécu la déflation depuis quinze ans, nous devrions revoir des hausses de prix dans l'habillement en 2011. » C'est l'avis de Jean-Marc Génis, le président exécutif de la Fédération des enseignes de l'habillement (FEH), qui regroupe des chaînes comme Camaieu, Celio ou Gap. De combien ? Difficile de le savoir. « Cela dépendra de la stratégie des entreprises », poursuit Jean-Marc Génis. H & M, qui a vu cette hausse affecter sa rentabilité au quatrième trimestre, s'interroge sur sa répercussion sur sa clientèle. Une décision pas facile dans un contexte de crise.
DOMINIQUE CHAPUIS ET P. B., Les Echos

C'est d'abord la filière en amont, autrement dit les fabricants de tissus, qui ont subi de plein fouet la hausse des matières premières. En tête : le coton, dont le prix a plus que doublé en un an, crevant tous les plafonds. Hier, le coton brut se vendait 2 dollars la livre contre 60 à 80 cents historiquement. « C'est la fibre la plus touchée en raison d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, précise Emmanuelle Butaud-Stubbs, déléguée générale de l'Union des industries textiles (UIT). Les récoltes ont été insuffisantes, et à cause de la baisse des commandes au moment de la crise, les producteurs ont remplacé le coton par le soja ou le maïs. »

Pour 2011 et 2012, la Chine, les Etats-Unis et l'Inde ont augmenté les superficies consacrées à cette culture : la production devrait atteindre 27 millions de tonnes contre 25 millions l'an dernier.

Le coton n'est pas la seule matière première au top. Le prix de la laine a ainsi augmenté de 16 % en un an, celui de la soie brute d'environ 60 %, et 40 % pour la fibre de jute. « Les fabricants qui ont tenté de leur substituer des fibres synthétiques en sont pour leurs frais, car avec la hausse du baril de brent, l'acrylique et le propylène ont eux aussi progressé de 35 % », constate Emmanuelle Butaud-Stubbs.

Les producteurs de fils et de tissus ont d'ores et déjà répercuté une partie de ces hausses sur les distributeurs d'habillement. Reste à savoir maintenant dans quelle proportion le consommateur va payer la note.

« Certaines enseignes feront un report partiel sur leurs prix ; d'autres, en totalité, mais en l'étalant peut-être sur une ou deux saisons, tout dépend », reprend Jean-Marc Génis. Avec le risque que les consommateurs préfèrent alors rogner sur leur budget habillement. L'enseigne Mim, qui avait fait monter son prix moyen à 14 euros en un an, a dû le ramener à 11 euros, car elle avait perdu des clientes.
Le prix du coton a doublé

Daniel Harari, directeur général de Lectra, le leader mondial des logiciels et systèmes de découpe qui fournit de nombreux fabricants, est plus affirmatif sur les conséquences de la hausse du coton (comme de celle du cuir sur la chaussure et la maroquinerie) : « C'est le sujet dont tout le monde parle, en Inde par exemple. Le cycle de baisse de prix que l'on a constaté depuis vingt ans s'achève. La hausse de 100 % du coton se straduira par une hausse progressive de 10 % à 20 % du prix au consommateur. »

Aux Galeries Lafayette, temple de la mode, on prédit une inflation des tarifs de 15 % environ.

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