samedi 13 mars 2010

L'ENGOUEMENT DES FRANCAIS POUR LE MADE IN ITALY

Lu sur le site du journal Le Monde - www.lemonde.fr -le 13 mars 2010

L'engouement des Français pour le "Made in Italy" ne se dément pas
LE MONDE | 12.03.10 | 16h21 • Mis à jour le 12.03.10 | 16h22

Rue des Pyrénées à Paris. Nathalie Saran se dépêche pour arriver avant la fermeture du supermarché Casitalia. "Il me faut absolument des tomates séchées pour le dîner et là, tout près de chez moi, j'ai quasiment toute l'Italie à ma portée, des pâtes à l'encre de seiche, les fromages de là-bas, des délicieux tortellini aux cèpes, des vins de qualité... une merveille !"
Vincent Prochasson, cogérant de cette enseigne du 20e arrondissement de la capitale, confirme : "80 % de nos produits sont italiens et cela séduit de plus en plus la clientèle." Casitalia est le réseau dédié aux produits de la Botte, lancé par le groupe Casino en 2006. Ses cinq magasins - deux à Paris et trois en région, à Lyon, Grenoble et Rouen - devraient bientôt prendre le nom de la nouvelle enseigne du groupe située à Nice, il y a deux ans, Viaitalia, et proposer en outre une gamme élargie de produits frais.
Comment expliquer cet engouement ? "Les produits italiens plaisent et, surtout, ils allient le savoir-faire ancestral avec une créativité hors pair", explique Jean-Pierre Lanzetti, directeur général de la branche proximité du groupe Casino.
"L'Italie est le deuxième fournisseur de la France, tous marchés confondus, après l'Allemagne, commente Francesca Taddei, analyste à l'Institut italien pour le commerce extérieur. Premier pour l'agroalimentaire, l'aménagement-décoration, le mobilier, le design et les lunettes, troisième pour l'électroménager et l'automobile."
En 2009, chaque Français a dépensé en moyenne 500 euros pour acheter des produits et services italiens. Un engouement en hausse constante depuis une dizaine d'années sur lequel les grandes marques italiennes et les enseignes françaises surfent avec bonheur.
De fait, les épiceries italiennes font florès dans les centres-villes et sur Internet. Dans les supermarchés, les produits 100 % italiens s'affichent en tête de gondole, comme les pâtes De Cecco. Cette année, c'est l'Italie bio qui débarque en France. Le groupe Fileni, un des leaders de l'agroalimentaire, a présenté, en février, sa nouvelle marque Very Italiano : pâtes bio et surgelées avec assortiments de sauces.
Quant à la restauration italienne, elle continue de progresser et fait toujours beaucoup mieux que la moyenne du secteur. Là aussi, nouveaux lieux et concepts : restaurants-épiceries, trattoria new-look, pasta bar ou casa gelati.
Pour autant, la pizza conserve en France sa place de prima donna : 3 milliards de chiffres d'affaires et 20 000 points de vente. Il se vend dans l'Hexagone un hamburger pour neuf sandwiches et seize pizzas. Les Français en consomment 10 kg par an, derrière les Américains (16 kg) et devant les Italiens eux-mêmes (5 kg).
Une telle déferlante gastronomique italienne ne fait pourtant pas peur à Alessandro Barbierato, précurseur à Paris de cette vague transalpine : "La coopérative Latte Cisterninia fidélisé une clientèle qui apprécie nos produits en provenance directe des producteurs, nos prix raisonnables et l'atmosphère familiale." Chaque jeudi arrive dans les quatre magasins parisiens la mozzarella di buffala de la Campanie, le jambon de Parme ou la fameuse burrata de la Puglia, cet exquis fromage frais au lait de vache très crémeux vendu traditionnellement autour d'une feuille de jonc vert.
Mais les Français ne se contentent pas de savourer des antipasti. De la Péninsule, ils aiment tout. A commencer par la mythique Fiat 500, relookée en 2007, élue "voiture de l'année" en 2008 et qui fait aujourd'hui de l'ombre à la Mini dans les rues des grandes villes françaises. Idem pour le scooter à trois roues de la marque Piaggio. Quant à la célèbre Vespa - "guêpe" -, produite en 1946 par l'industriel Enrico Piaggio, elle reste le symbole de la dolce vita et fait l'objet d'un culte entretenu par divers rallyes, clubs, marchés vintage et quelques accros collectionneurs restaurateurs.
Mais qu'est-ce qu'ils ont ces Italiens pour séduire autant les Français ? "A vivre entourés de chefs-d'oeuvre, le beau est devenu chez eux une exigence innée", tente d'expliquer Aurélie Belvedere, jeune styliste installée à Lille et fan des grands noms de la mode italienne.
C'est vrai que tout semble beau chez les Italiens. On aime s'habiller en Prada et en Armani. On raffole des tables, chaises et divans, des cafetières, lampes, tire-bouchons et autres bouilloires revisités par Giovanni Alessi, Vico Magistretti, Pasquale Natuzzi ou Giulio Castelli, le créateur des lampadaires en Plexiglas et de la marque Kartell. On craque pour la douche à l'italienne, à même le sol et sans paroi, celle qui autorise toutes les folies et quelques céramiques superbes...
Bref, les Français sont comme Stendhal. Tout, dans ce pays, les émeut. Et de leurs voyages en Italie, qui reste leur troisième destination, ils ne rapportent que du bonheur. Seul bémol dans cette histoire d'amour, la langue de Dante n'est apprise que par 240 000 élèves français.
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Salon de la pizza et de la restauration italienne : les 30 et 31 mars, porte de Versailles, à Paris.
Mélina Gazsi
Article paru dans l'édition du 13.03.10

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