mercredi 26 mai 2010

LE BOOM DES ACHATS SUR INTERNET VA-T-IL EFFACER LE COMMERCE LOCAL ,

Lu sur le site du journal Le Progrès le 26 mai 2010
http://www.leprogres.fr/fr/region/l-ain/ain/article/3200875/Le-boom-des-achats-sur-Internet-va-t-il-effacer-le-commerce-local.html
Le boom des achats sur Internet va-t-il effacer le commerce local ?


Dans l'Ain comme ailleurs, les magasins d'image, son et électroménager subissent la concurrence des ventes en ligne. Les indépendants souffrent, les géants s'adaptent, les petits installateurs proposent leurs services

Plus de 25 millions de cyber-acheteurs en France au premier trimestre 2010. 17 avril 2010 : liquidation du magasin Digital de Bourg. Cherchez l'erreur.

Le e-commerce n'est pas responsable à lui tout seul de la fermeture de l'ex-Connexion. Mais son impact sur le secteur « image, son, électroménager » est tel qu'il doit bien exister une relation de cause à effet.

Sylvain Limagne, directeur du magasin Cuny à Bourg en est persuadé : « La vente en ligne représente près de 15 % du marché. Pour nous, indépendants, ça devient compliqué. D'autant qu'on doit faire face à la crise et au contexte concurrentiel local. Même si nos clients sont fidèles, certains se sont évadés. Heureusement qu'on fait du service… »

L'indépendant regrette de ne pas pouvoir se battre à armes égales, la première étant le prix.

« Les gens viennent ici pour se renseigner et ensuite achètent sur Internet. Difficile de leur expliquer les avantages qu'ils ont à acheter chez nous : le paiement à la livraison, l'installation, le SAV, la récupération de l'ancien appareil… Ce qui explique que des enseignes ayant pignon sur rue déposent le bilan. Si ça continue, il ne restera que les grands groupes et le web. Il serait bien que les consommateurs grandissent un peu. Comme ceux qui prennent leur pain à Bourg et se plaignent quand le boulanger du village ferme boutique. »

Le e-commerce va-t-il effacer le commerce local ? Plutôt le réinitialiser répond le Boulanger de Beynost, l'hyper, pas l'artisan. « L'avenir est à l'entreprise multicanal : internet et magasin. Celui qui n'a pas cela sort du marché », explique Emmanuel Deschamps, directeur des seize Boulanger de la zone sud-est. « Au début, on s'est fait agresser par les prix des "pure players" (les entreprises qui ne vendent que sur Internet) », reconnait Wilfried Andrieux, le directeur du magasin de Beynost. « Depuis, les écarts se sont réduits et Internet nous a permis de prendre des parts de marché. »

Le géant de la distribution s'est ainsi lancé dans une compétition à couteaux aussi tirés que les prix : réduction des marges, priorité au service, à l'accueil et au confort d'achat. Derrière, les logiciels de www.boulanger.fr tournent jour et nuit pour s'aligner sur les tarifs de la concurrence. Loin de « cannibaliser » les ventes en magasin, le site permet de les préparer. Emmanuel Deschamps : « Avant, le client qui venait acheter un lave-linge faisait confiance au vendeur. Maintenant, il en connaît plus que nous ! Il sait ce qu'il veut. Il a comparé les prix, vérifié la disponibilité… Le métier a changé. À nous de répondre. »

À trois clics du centre commercial, la petite boutique de Technic Depan' se fait discrète au fond d'une place de Saint-Maurice de Beynost. Mais depuis 25 ans, elle ne désemplit pas, insensible aux bruits du net. « La concurrence du e-commerce, on l'a peut-être sentie un peu, à un moment », estime Stéphane Geoffray, l'un des trois tenanciers. « Ce que nos clients cherchent, c'est un service », ajoute son collègue Philippe Allognier.

Les techniciens dépanneurs gèrent tout de A à Z, de la vente à la réparation en passant par la pose, la mise en service ou le réglage. Au hasard, quand il faut installer un lecteur DVD acheté sur le net avec sa notice en chinois.

Ils sont devenus les utilitaires de la cyber-vente, aussi indispensables que le poisson-pilote au grand requin blanc. Le problème, c'est qu'entre les deux, quelques espèces risquent de disparaître.

Marc Dazy
« Pour résister, il faut être soit très grand, soit petit. Entre les deux, c'est plus difficile »

Maurice Poncet,

L'ex-directeur de Digital Bourg envisage de relancer une petite entreprise de service

« J'ai commencé chez Connexion à Bourg en 1986. La technique, la télé, la vidéo... Ça a toujours été mon domaine. Début 2008, Connexion est devenu Digital. Le repreneur trouvait un avantage à changer d'enseigne, mais on a senti la cassure. Un an après, on s'est installé à la Chambière. Un bon emplacement mais c'était trop tard. Le magasin a fermé le 17 avril. Treize licenciements depuis Connexion. Un beau gâchis quand on voit le savoir-faire et l'investissement de toute une équipe.

La concurrence d'Internet, on la sent de plus en plus, je dirais depuis quatre ans.

À une époque, le e-commerce ne concernait que les jeunes. Aujourd'hui, tout le monde achète sur le net. La clientèle cherche le moins cher, mais ce n'est pas le seul aspect. Il y a le côté temps : pas besoin de se déplacer, de faire la queue. Le temps de réponse est immédiat. En un clic, on a l'impression d'avoir son produit, même s'il est livré un mois après !

L'offre est infinie et le consommateur a tous les comparatifs sous les yeux. Il a déjà tout vu avant de rentrer dans le magasin. Ce qui ne l'empêche pas de venir y chercher le conseil et d'achèter sur Internet !

On fait des promos pour être dans le coup. Mais comme on travaille avec peu de marge, il faut du volume. Pour résister, il faut être soit très grand, soit petit. Entre les deux, c'est plus difficile.

Le nerf de la guerre, c'est le service. Les grandes enseignes n'ont pas forcément cette approche client. Avec le e-commerce, elle est ingérable. L'acheteur possède souvent le bon produit au meilleur prix, mais dans 80 % des cas, il est mal installé ou il reste dans le placard. Combien de fois je suis passé le soir pour régler un truc à un particulier ? Quand les gens revenaient à Connexion, ils demandaient : il est où Maurice ?

C'est pour ça que j'essaie de repartir avec une petite équipe, quatre personnes maximum. Vente, service, domotique, intégration, passer les fils... Je reviens à mes premiers amours. Là il y a un créneau. »

Propos recueillis par M. D.

Plus de 25 millions

Le nombre de cyber-acheteurs au premier trimestre en France, chiffre record. 3,5 millions de plus (+ 15 %) que l'an dernier, progression deux fois plus importante que le nombre d'internautes (+ 7 %).

Selon Médiamétrie et la fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) les seniors cliquent déjà à tout-va : + 41 % par rapport à l'an dernier.

Le Top 15

1. ebay (11 194 000 visiteurs uniques). 2. PriceMinister (10 738 000).
3. La Redoute (10 110 000).
4. Amazon (9 295 000).
5. Cdiscount (8 382 000). 6. 3 Suisses (8 231 000).
7. Fnac (8 141 000).
8. Voyages-sncf.com (6 964 000).
9. Carrefour (6 298 000).
10. Vente-privee.com (6 109 000).
11. Pixmania (6 036 000). 12. Rue du commerce (5 137 000).
13. La Maison de Valérie (4 473 000).
14. Spartoo (4 332 000). 15. Brandalley.com (4 029 000).+ 17 %

La progression des consultations sur les sites des grandes enseignes
de la distribution.

Avec près de 6,3 millions de visiteurs uniques, Carrefour arrive largement en tête, suivi d'
Auchan (2,31 millions), Leclerc (1,67 million), Intermarché (1,2 million)et Monoprix (601 000).
> Source : Médiamatrie/Netrating et ITRnews, quotidien des marchés numériques.

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