dimanche 30 mai 2010

LES MAGASINS ALLEMANDS KARSTADT, EN DEPOT DE BILAN, INTERESSENT TROIS REPRENEURS POTENTIELS

Lu sur le site du journal Le Monde le 30 mai 2010
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/05/29/les-magasins-allemands-karstadt-en-depot-de-bilan-depuis-un-an-interessent-trois-repreneurs_1364932_3234.html
Les magasins allemands Karstadt, en dépôt de bilan depuis un an, intéressent trois repreneurs potentiels
LEMONDE | 29.05.10 | 14h07 • Mis à jour le 29.05.10 | 14h12

La chaîne de grands magasins allemands Karstadt a-t-elle encore un avenir ? L'enseigne créée en 1881, présente dans quasiment chaque ville du pays, a été placée en dépôt de bilan le 9 juin 2009, dans la foulée de sa maison mère Arcandor. Karstadt cherche donc un repreneur.

Vendredi 28 mai, trois offres ont été déposées auprès de l'administrateur judiciaire chargé du dossier. Elles devaient être examinées par la commission des créanciers afin d'identifier un repreneur avant juillet.


L'une des offres associe le groupe franco-américain BCBG Max Azria au milliardaire Nicolas Berggruen, 48 ans, fils du collectionneur d'art Heinz Berggruen (1914-2007), un juif berlinois qui avait fui l'Allemagne nazie.

M. Azria est venu en personne, vendredi, depuis Los Angeles pour faire valoir ses arguments au côté de M. Berggruen. Il propose de mettre 50 et 100 millions d'euros sur la table et garantit tous les emplois et la continuité industrielle.

Le fonds germano-suédois Triton est aussi candidat. Il se dit prêt à débourser près de 500 millions d'euros sur cinq ans. Mais l'investisseur, qui envisagerait de supprimer plus de 4 000 emplois sur 25 000, a face à lui le puissant syndicat allemand des services Ver.di.

Le troisième repreneur potentiel est la société immobilière Highstreet, qui possède les deux tiers des murs de Karstadt et dont la banque américaine Goldman Sachs détient 51 %. Les autres actionnaires de Highstreet sont la Deutsche Bank, Generali et l'entrepreneur italien Borletti - il détient Le Printemps en France.

Pour aboutir et donner une chance aux magasins allemands, il est prévu, et nécessaire, que les créanciers renoncent à la quasi-totalité d'une dette estimée à 2,7 milliards d'euros et que les communes renoncent à toucher la taxe professionnelle. Au total, 92 d'entre elles sont mises à contribution pour un total de 140 millions d'euros.

Or, bien que Karstadt, et son magasin de Berlin, KaDeWe, une institution, fasse partie du paysage urbain, certaines communes, très endettées, refusent un tel sacrifice. Autrement dit, une disparition pure et simple de Karstadt n'est pas impossible.

UN MODÈLE À REPENSER

Comment en est-on arrivé là ? Le groupe, en déficit chronique, est plombé depuis plusieurs années par des charges immobilières jugées insoutenables. En 2006, la société a vendu les murs de ses locaux à hauteur de 51 % à un consortium auquel participe Goldman Sachs et, en 2007, les 49 % restants à un autre consortium qui comprend notamment Deutsche Bank et Pirelli. Depuis, Karstadt paie des loyers qualifiés d'exorbitants à ces propriétaires, pour un chiffre d'affaires moribond.

Mais pour Gilles Goldenberg, associé au sein du cabinet de conseil Deloitte, spécialiste de la grande distribution, l'origine des problèmes de Karstadt est plus profonde.

Selon M. Goldenberg, c'est le concept un peu "fourre-tout" de ses grands magasins "milieu de gamme" où offrant un large choix d'articles, du téléviseur aux sous-vêtements, en passant par les livres et les produits alimentaires, qui est trop vague et surtout dépassé.

Le groupe, dont l'histoire est née avec le mouvement de démocratisation de la consommation, semble passé de mode. Le consommateur préfère désormais à ces enseignes généralistes des magasins spécialisés. C'est donc tout un modèle qu'il faudrait repenser.
Claire Gatinois et intérim (à Berlin)
Article paru dans l'édition du 30.05.10

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