samedi 15 mai 2010

TRANSPORTS A TOUT FAIRE

Lu sur le site du journal Le Monde le 15 mai 2010
http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2010/05/13/transports-a-tout-faire_1351004_3238.html
Transports à tout faire
LEMONDE | 13.05.10 | 17h53 • Mis à jour le 14.05.10 | 07h42

Depuis quelques semaines, des habitants de la région d'Annecy (Haute-Savoie) se font livrer leurs courses commandées en ligne... sur une aire d'autoroute. Ces automobilistes paient et chargent leurs achats en fin de journée, de retour du travail. Le service, proposé par l'entreprise de vente par correspondance Provencia (groupe Carrefour) en coopération avec Adelac, société concessionnaire de l'autoroute A41, s'adresse surtout aux salariés frontaliers qui se déplacent chaque jour entre Annecy et Genève. Le prix de la livraison, 7 euros en dessous de 100 euros de marchandises achetées, 5 euros au-delà, n'est pas plus élevé que pour un portage à domicile.

"Un peu plus d'une dizaine de personnes en profitent chaque jour mais l'offre demeure encore méconnue", précise Yves Vanhelmon, responsable Internet chez Provencia. La société, qui mise sur le bouche-à-oreille, souhaite une "montée en puissance régulière" du service, de façon à maîtriser l'afflux des automobilistes et la gestion des stocks.

De temps contraint, le trajet quotidien se transforme ainsi en temps utile. Si l'expérience se révèle concluante, le concessionnaire de l'autoroute, filiale du groupe Bouygues, envisage de proposer d'autres services, "pressing, cordonnerie ou boulangerie", indique-t-on chez Adelac.

Les sociétés exploitant les parkings songent, elles aussi, à optimiser les déplacements de leurs clients. Les dalles souterraines, qu'on est désormais prié d'appeler "parcs" et non plus "parkings", sont depuis quelques années déjà "éclairées et parfumées", indique François Le Vert, directeur de la communication de Vinci Park.

L'entreprise s'est essayée au prêt de parapluie, un objet qui remporte davantage de succès "dans les villes où les averses peuvent être soudaines, par exemple en Martinique, à Rouen ou Dieppe", explique M. Le Vert. Dans une partie des 610 parkings Vinci, les clients ont également accès à des présentoirs de journaux gratuits ou à des cireuses de chaussures et peuvent emprunter une bicyclette aussi longtemps que leur voiture reste stationnée. "Cette formule plaît à certains abonnés qui se garent en centre-ville puis honorent leurs rendez-vous à vélo", indique le responsable de Vinci Park.

La Saemes, société d'économie mixte qui gère les parkings de la Ville de Paris, cherche pour sa part à "développer l'attractivité du stationnement souterrain, concurrencé par les places en surface, que 90 % des conducteurs parisiens ne paient pas", affirme Yves Contassot, conseiller de Paris (Verts) et président de la structure.

PRESTATIONS INATTENDUES

M. Contassot veut "permettre à l'automobiliste de poursuivre son voyage jusqu'à sa destination finale". Les agents de la Saemes fournissent des plans du quartier, vendent des tickets de métro, louent des vélos à assistance électrique. Comme chez Vinci, les clients peuvent faire laver leur véhicule et, depuis peu, réserver une place, afin d'éviter le désagrément occasionné par un parking plein. L'imagination semble ne pas avoir de limites. M. Contassot aimerait transformer les parkings vides, la nuit, "en espaces de répétition". Les musiciens, constate-t-il, "peinent à trouver des endroits insonorisés où les décibels ne dérangent personne".

La logique de l'optimisation gagne aussi le chemin de fer. La SNCF a créé, en avril 2009, une nouvelle branche, Gares & Connexions, chargée de gérer les 3 000 gares françaises. Parmi les projets du transporteur figurent la restructuration de la gare de Lyon, à Paris, ou le développement de l'intermodalité, la connexion entre différents moyens de transport.

La SNCF a aussi imaginé des prestations plus inattendues. Ainsi, à la prochaine rentrée scolaire, un bâtiment situé près de la gare de Roanne (Loire) sera aménagé en mini-crèche susceptible d'accueillir neuf enfants de 6 h 45 à 19 heures. Les parents, utilisateurs quotidiens du train régional, déposeront leur enfant avant de partir travailler et le retrouveront à leur retour, le soir. "Pour les salariés, surtout les femmes, les journées sont longues. Nous répondons à leurs besoins et leur donnons envie de prendre le train", argumente Bernadette Laclais, vice-présidente (PS) chargée des transports dans la région Rhône-Alpes, partenaire du projet.

L'initiative ne restera pas isolée, si l'on en croit Fabienne Keller, sénatrice (UMP) du Bas-Rhin, qui a remis l'an dernier un rapport au gouvernement sur "la gare contemporaine". "La gare, dans une ville, est le lieu le plus passant, un peu comme la place du village. On doit pouvoir y trouver des supermarchés, un pressing, une poste, voire un pôle médical", affirme l'ancienne maire de Strasbourg.
Olivier Razemon
Article paru dans l'édition du 14.05.10

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