vendredi 1 octobre 2010

LE SUCCES DE SON MAGASIN PARISIEN AIGUISE L'APPETIT D'UNIQLO POUR L'EUROPE

Lu sur le site du journal Le Monde le 1er octobre 2010
Le succès de son magasin parisien aiguise l'appétit d'Uniqlo pour l'Europe

Après New York et Londres, le magasin parisien d'Uniqlo est devenu, en un an exactement, le troisième plus important de ce groupe nippon spécialisé dans le prêt-à-porter classique, de qualité et bon marché.

"Nous avons rentabilisé un peu plus vite que prévu ce magasin, en moins d'un an", assure Nobuo Domae, le président de Fast Retailing France. Si un employé est chargé, depuis l'ouverture, de compter le nombre de visiteurs dans ce temple de la mode branchée situé à deux pas de l'Opéra Garnier, le résultat de son travail reste un secret jalousement gardé par ce groupe coté à Tokyo. "Paris était un test. Le succès est tel que nous allons ouvrir (des magasins) dans d'autres villes d'Europe, comme Barcelone, Berlin ou Madrid", assure M. Domae. Des négociations sont en cours en ce sens.
Comme un bulldozer, l'enseigne Uniqlo poursuit son développement à marche forcée : une grande partie des 84 nouvelles boutiques ouvertes dans l'année, sur les 944 au total, l'ont été en Chine. "Un marché gigantesque pour tout le monde : d'abord, tout en haut les marques de luxe internationales et tout en bas les enseignes bon marché, puis au fur et à mesure, les marques de moyenne gamme" analyse Marianne Romestain, directrice générale de Fast Retailing France.

Synergies géographiques

Selon les prévisions du groupe, les ventes d'Uniqlo International (hors Japon) devraient augmenter de 93,2 %, à 73 milliards de yens (650 millions d'euros) au cours de l'année fiscale qui s'est achevée fin août ; les ventes au Japon, devraient, malgré la crise, augmenter de 13 %, à 608 milliards de yens.

Fast Retailing, qui compte aussi des enseignes françaises comme Comptoir des cotonniers, la marque de lingerie Princesse Tam Tam ou le label américain Theory, veut jouer les synergies géographiques. C'est parce que Theory est bien implantée à New York que Comptoirs des cotonniers peut s'y installer massivement. La marque française, qui a fermé nombre de magasins cette année tout en inaugurant des boutiques plus grandes, s'implante aussi plus facilement au Japon, étant adossée à Uniqlo.

Si M. Domae concède que les résultats du groupe seront affectés par les fluctuations du yen, il estime que la hausse des matières premières, notamment du coton, ne les affecte qu'assez marginalement. "Nous ne travaillons qu'avec une centaine de sous-traitants dans le monde, à qui nous donnons, sur le long terme, des volumes de production très importants", dit-il. Les marges sont également adaptées selon le prix des vêtements.

Alors que les pouvoirs publics français tentent d'inciter les industriels de la mode à fabriquer "made in France", Mme Romestain assure : "Nos clients ne nous demandent pas de produire en France. Ils ne sont pas prêts à payer plus cher pour cela." Le groupe Fast Retailing produit donc essentiellement en Chine, mais aussi en Italie (lainages), au Brésil (chaussures), au Portugal et en Turquie (tee-shirts), au Pérou (angora), à Madagascar (lingerie)...

Dans les pays comme la Chine ou le Bangladesh, M. Domae explique que les "employés sont payés davantage que la moyenne, puisque les usines tournent à plein régime et que les salariés sont payés à la production". Une équipe de 300 personnes, basée à Shanghaï, va quotidiennement contrôler les centres de production. Aucune usine ne peut sous-traiter des commandes. En cas de problème technique, c'est l'un des experts japonais seniors, un des trente takumi, qui est appelé à la rescousse. Comme de véritables ingénieurs du textile, expérimentés et capables de dénouer les fils d'un problème.
Nicole Vulser
Article paru dans l'édition du 01.10.10

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