jeudi 28 octobre 2010

LES MENAGES CONTINUENT DE CONSOMMER

lu sur le site du journal Le Monde le 28 octobre 2010
27 octobre 2010
Les ménages continuent de consommer



538_consommation_de_masse_es_2598.1285840614.jpgLes achats en produits manufacturés des ménages français ont progressé en septembre de 1,5 % en volume (à monnaie constante), selon les chiffres publiés par l’Insee mercredi 27 octobre. Les achats de produits manufacturés représentent environ un quart du total de la consommation des ménages. En août, ces dépenses avaient baissé de 1,6 % en volume, après avoir augmenté de 2,7 % en juillet. Sur l’ensemble du troisième trimestre, elles augmentent de 1,2 % (par rapport au trimestre précédent), après - 0,8 % au deuxième trimestre.

La progression enregistrée sur le mois de septembre tient pour une bonne part aux ventes d’automobiles : +11,2 %. Ce chiffre marque une rupture avec la “très nette baisse enregistrée depuis le début de l’année”, souligne l’Insee.

Le poste textile-cuir est également en progression : + 0,2 % en septembre (après -6,2 % en août), mais surtout + 4,5 % sur le troisième trimestre (après -2,1 % au deuxième). Soulignant qu’“il faut remonter au quatrième trimestre 1987 pour retrouver une telle progression trimestrielle”, l’Insee y voit l’effet du démarrage tardif des soldes cette année.

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La ministre de l’économie, Christine Lagarde a salué ces chiffres, en soulignant qu’ils reflètent “en partie les conséquences favorables des créations d’emplois enregistrées depuis six mois”, ainsi que “le succès durable de la prime à la casse malgré la réduction partielle du dispositif en début d’année”.

“Le niveau des achats reste inférieur à ce qu’il était fin 2007″

“Ces chiffres sont bons, mais ceux des mois précédents étaient mauvais”, tempère Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). “Il faut aussi avoir en tête que le niveau de la consommation en produits manufacturés est aujourd’hui inférieur à ce qu’il était fin 2007″, ajoute-t-il, évoquant un palier autour de 22 milliards d’euros. “Mais c’est vrai que la consommation pour ce type de produits, même si elle stagne, résiste”.

Comment l’expliquer ? Mardi, l’Insee a publié son baromètre du moral des ménages qui montrait qu’en octobre, pour le troisième mois d’affilée, ce “moral” continuait de s’améliorer : l’opinion des Français sur la situation économique a ainsi progressé de 1 point. Cette enquête avait été réalisée du 29 septembre au 18 octobre 2010, c’est-à-dire avant que la pénurie d’essence ne se fasse sentir.

Nicolas Bouzou, directeur général de la société Asterès, avance comme facteur d’explication l’évolution positive du pouvoir d’achat des ménages : “il aura augmenté de 1,2 % cette année. Certes, l’inflation se tend légèrement sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie, mais la masse salariale accélère, notamment grâce aux créations d’emplois, timides mais réelles (l’emploi salarié dans le secteur marchand augmentera d’environ 0,5% cette année)”.

Il ajoute que le taux d’épargne des ménages “était supérieur à 16 % du revenu disponible” au deuxième trimestre, “ce qui laisse une marge de manoeuvre importante pour faire progresser la consommation à un rythme légèrement supérieur à celui du pouvoir d’achat”.

“Excellents stabilisateurs” des revenus

“Même s’ils ressentent indubitablement les effets de la crise, les Français sont avant tout de bons gestionnaires. Ils savent tenir un budget et répartir de façon optimale leur épargne et leur consommation”, relève, quant à elle, Natacha Valla, directrice des recherches économiques chez Goldman Sachs. Selon elle, “l’embellie sur le marché du travail a un effet encore marginal sur la consommation”, mais “devrait prendre de l’ampleur dans les trimestres à venir”.

Mme Valla considère que si la consommation “tient en France”, c’est “avant tout parce que nous avons d’excellents stabilisateurs” du revenu des ménages. “Aussi, les effets des accidents de parcours tels que perte d’emploi ou problèmes de santé ne sont pas aussi dramatiques que dans certains pays, car les filets sociaux sont là pour prendre le relais et assurer un lissage du revenu disponible”.

“La question n’est pas de savoir si la consommation va tenir. De toutes évidences, elle tient contre ventes et marées, poursuit M. Bouzou. La question, c’est plutôt d’évaluer ses effets d’entraînement sur la croissance économique”.

Pour M. Plane, la consommation devrait “contribuer faiblement à la croissance, car les salaires ralentissent, il y a de plus en plus de chômeurs en fin de droits et une politique de rigueur qui s’annonce”. Il évoque une hausse de la consommation totale des ménages de 0,4 point au troisième trimestre et de 0,3 point au quatrième trimestre.

“Amortisseur”

Dans sa note de conjoncture, publiée fin septembre, l’Insee avait indiqué que la consommation totale des ménages devrait connaître une “légère accélération” en cette fin d’année et jouer “un rôle d’amortisseur”, contrebalançant les effets du ralentissement économique en cours au niveau mondial (lire ici).

Selon l’Insee, les dépenses totales de consommation devraient progresser de + 1,4 % cette année (après + 0,6 % en 2009 et + 0,5 % en 2008) et elles contribueraient, selon l’organisme de statistiques, à soutenir la croissance de l’économie nationale qu’il évalue à + 1,6 % sur l’ensemble de l’année (lire ici).

Pour 2011, l’OFCE avance une progression de 0,1 % par trimestre seulement de la consommation totale des ménages. L’évolution restera très en deça du rythme qu’elle a connu avant la crise, qui était de l’ordre de + 2,5 % par an. “Dans un pays en perte rampante de compétitivité, dans une économie qui perd des parts de marché à l’export, le dynamisme de la demande intérieure a de moins de moins de prise sur la croissance économique”, conclut M. Bouzou.

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